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L’Espace muséal Witold Gombrowicz à Vence

Le Cosmos d’un grand écrivain
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Le Cosmos d’un grand écrivain :
l’Espace muséal Witold Gombrowicz à Vence

L’Espace muséal Witold Gombrowicz a ouvert ses portes le 23 septembre 2017 dans la Villa Alexandrine, la même où l’écrivain polonais à vécu de 1964 à 1969 avec son épouse Rita. La Villa Belle Époque de 1911, acquise par la Ville en 1988, a été réhabilitée par la Municipalité de Vence avec le précieux soutien de l’État Polonais.

L’exposition met en lumière la personnalité complexe et ambiguë de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz, pourfendeur des idéaux sacro-saints et des stéréotypes intellectuels de son temps. La lecture d’extraits choisis de ses œuvres nous introduit dans l’univers de la pensée de Gombrowicz qui dévoile, explique et commente les arcanes de son art. Usant de provocations intellectuelles, de fictions ou de fantaisies, empruntant différentes postures, revêtant et enlevant des masques successifs, cet auteur iconoclaste force le spectateur à prendre du recul et à entrer avec lui dans un « jeu » à contrepied de la mythologie de masse et exaltant les droits de l’individu. Il est à noter que l’intention des auteurs de l’exposition n’était pas de présenter un portrait déjà achevé de l’écrivain, mais d’inviter le spectateur à nouer une relation personnelle avec Gombrowicz qui stimulerait sa propre réflexion.

Cage d’escalier et couloir : « Lundi. Moi. Mardi. Moi. Mercredi. Moi. Jeudi. Moi » .

L’exposition commence par la Biographie de Witold Gombrowicz sous forme de calendrier extrêmement sommaire de sa vie et son œuvre. Rédigée par Gombrowicz et Konstanty Jeleński pour la revue L’Herne, elle parut en 1971, bien après la mort de l’écrivain, en version complétée par Dominique de Roux. On peut diviser ce calendrier très spécial en trois périodes : Pologne (1904–1939), Argentine (1939–1963) et Europe (1963–1969). Les photos sélectionnées pour illustrer cette (Auto)biographie proviennent des collections de la famille de l’écrivain. Cependant, ce fond a été enrichi par des clichés faisant partie d’autres collections, et notamment par ceux – très précieux – qui témoignent de la période polonaise, certains d’entre eux remontant jusqu’au XIXème siècle.

Corridor : Gombrowicz contre l’art ? Contre la poésie ?

Dans l’appartement des Gombrowicz, à gauche de l’entrée, se trouve un petit corridor avec une toile-dédicace de Kazimierz (Casimir) Głaz et une tapisserie accrochée au mur comme du temps de l’écrivain: ce tissu a été conçu et fabriqué par Józef Jarema et Maria Sperling dans leur atelier de tissage artistique à Nice. Dans son livre Gombrowicz à Vence, Kazimierz Głaz dit : « Ce long corridor est une sorte de galerie d’art ». De son côté, Rita, l’épouse de l’écrivain, dans Gombrowicz en Europe, se souvient : « Et le soir, en sortant de la salle à manger, il y avait des séances de contemplation dans le corridor. Ce fut d’abord – et pendant longtemps – le grand tableau-relief en bois de Jarema : L’Âge de fer. Witold commençait par s’écrier : « Quelle œuvre puissante ! », puis enchaînait sur des poésies en polonais qu’il aimait beaucoup réciter. (…) Et pendant les derniers mois dans la villa Alexandrine, c’était la contemplation de l’horloge style 1900 achetée chez un brocanteur. Le cadran était inséré dans une vague sculptée sur laquelle une femme était accoudée à une lyre.»

Salle 1 : « Vous, qui entrez… », soyez doublés de Gombrowicz

La scénographie de cette salle repose sur un ensemble de portraits photographiques de l’écrivain et sur un jeu de miroirs. Le visage de Gombrowicz révèle ici toute sa richesse de tons et d’expressions. Reflété et multiplié à l’aide de miroirs, il finit par rencontrer les visages des spectateurs qui, se regardant eux aussi dans le miroir, commencent à interagir avec l’écrivain en faisant des grimaces et bientôt se voient affublés d’« une gueule » gombrowiczienne. Une fois entraîné dans le jeu, le spectateur suit les règles définies par l’artiste. La littérature, apprend-il, n’est qu’un jeu mené par l’auteur avec son lecteur. Si le monde réel ne lui suffit pas pour y installer le jeu recherché, l’écrivain provoque des interactions souvent compliquées, ne reculant ni devant le mensonge ni devant la mystification et endossant différents rôles. Sous le regard du spectateur – qui en détruisant à la gombrowiczienne la Forme de son portrait, dévoile ses plusieurs facettes –, il se crée lui-même, invente sa carrière littéraire, sa gloire et son talent. Et à la fin de cette auto-présentation, il s’érige en démiurge de sa littérature et de sa biographie.

Salle 2 : la salle à manger – un salon (mais seulement) artistique et littéraire

L’objet de cette exposition n’est pas la reconstitution réaliste de l’appartement, tel qu’il était lorsque le couple y habitait encore. On a jugé préférable de restituer plutôt le lieu de travail de l’écrivain, c’est-à-dire son bureau, bien connu grâce aux photos prises par Bohdan Paczowski. Une place de choix revient également dans cette salle aux lettres échangées par Witold Gombrowicz avec Jean Dubuffet, entre mars 1968 et juin 1969. Les passages sélectionnés témoignent d’un dialogue passionnant qui s’était instauré entre les deux artistes. En ce qui concerne les autres personnalités dans l’entourage de Gombrowicz pendant son séjour à Vence, nous retrouvons ici : Czesław Miłosz, Sławomir Mrożek, Maria et Bohdan Paczowscy, Józef Jarema, Maria Sperling, Konstanty Jeleński, Kazimierz Głaz, François Bondy, Dominique de Roux, Maurice Nadeau, Jorge Lavelli, Alastair Hamilton et James Ritchie. La plupart des photos exposées dans cette pièce représentent Rita et Witold Gombrowicz.

Salle 3 : par un ascenseur cosmique vers l’Univers gombrowiczien

Dans cette salle sont exposées : d’un côté, les éditions polonaises de tous les ouvrages de Gombrowicz – une façon de souligner par les auteurs de l’exposition qu’il écrivait surtout en langue polonaise – et de l’autre côté, de très nombreuses traductions de ses écrits dans d’autres langues (aujourd’hui : 41 !). « Mais plus les années passent, plus nos paroles, mes paroles écrites, s’éloignent de moi, elles sont déjà si loin, traduites dans des langues étrangères, dans de multiples éditions que je n’ai parfois jamais vues de mes propres yeux, entre les mains de commentateurs dont je ne sais rien… Je ne maîtrise plus tout cela, que fait-on de moi, en quelle langue, dans quel pays ? Je suis devenu littérature et mes révoltes elles aussi sont de la littérature. » (Witold Gombrowicz, Journal, tome 1 : 1953–1958).

Mais ce n’est pas la fin ! Au mois d’octobre 2022, pour le 5ème anniversaire de notre Musée, Witold dirait : « je vous raconterai une autre aventure plus étonnante… »
[1] : on vous proposera encore trois nouvelles salles, comme de toutes nouvelles excursions muséales : en Argentine, en Pologne et dans le monde du théâtre de Gombrowicz !

[1] Le début de son roman Cosmos.

Horaires d’ouverture :  Du mardi au samedi 10h–12h et 14h–17h

Coordonnées : Villa Alexandrine, 2ème étage – Place du Grand Jardin

+33 (0)4 93 58 06 38 / +33 (0)7 54 37 68 38

k.a.kula@espacegombrowicz.fr / gombrowicz@espacegombrowicz.fr

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